L'Union du 18/07/2013 - Les licenciés d'ODCF au bord de l'explosion

         Les licenciés d'ODCF au bord de l'explosion

Publié le 18/07/2013

Par F.C.

REIMS (51). Les 63 salariés de la société ODCF, liquidée jeudi dernier, ont les nerfs à vif. Mercredi, la tension est montée d'un cran lorsque plusieurs d'entre eux ont posé des bouteilles de gaz sur des palettes prêtes à être incendiées.

«Les gars ont la haine. Ils sont prêts à tout faire péter pour rappeler qu'ils existent. On ne voit plus personne. On est abandonné de tout le monde. Les politiques, ils sont là quand ils ont besoin de nos voix mais après, plus rien ! Y'en a marre ! Ça risque de mal finir. »
Situation explosive, mercredi après-midi, devant l'usine ODCF ! Une semaine après la liquidation de leur entreprise, certains des 63 salariés envoyés à l'abattoir ont fait monter la tension d'un cran en déposant des bouteilles de gaz sur des palettes prêtes à être incendiées, un autre feu déjà allumé à proximité.
« Je suis pompier volontaire. Ces méthodes-là n'ont pas ma préférence », poursuit Jean-Louis Galandon, délégué du personnel et membre du CE, « mais il faut comprendre leur colère. Ils sont à bout. Ils ne savent pas ce qu'ils vont devenir. »
Installée rue Maurice-Hollande, en zone Farman, l'entreprise spécialisée dans la fabrication de portes de garage connues sous la marque « Wayne Dalton » a été lâchée par sa maison mère, une société américaine elle-même détenue par un consortium japonais.
Une perte de 1,2 M d'euros
La descente aux enfers fut brutale, avec une procédure d'alerte activée en début d'année après l'annonce de pertes voisines de 1,2 million d'euros. Jusqu'à présent, la maison mère avait remis les comptes à flot lors des précédents déficits d'ODCF, mais jamais le passif n'avait autant plongé dans le rouge. Le renflouage n'est pas venu.
Le 11 juillet, le tribunal de commerce de Reims en tirait les conséquences en prononçant la liquidation judiciaire d'ODCF : 63 personnes sur le carreau qui devraient recevoir leur lettre de licenciement la semaine prochaine. La justice saisie À tour de rôle, les salariés maintiennent une présence devant l'entreprise.
Mercredi après-midi, « le ton est monté d'un coup lorsqu'ils ont appris que la société concurrente allait récupérer nos marchés », explique Jean-Louis Galandon. « Les gars ont allumé un feu avec des palettes. Ils ont fait un deuxième tas à proximité en mettant des bouteilles de gaz dessus. On essaye de les calmer, de les contenir mais un jour, ça risque vraiment de péter. »
En début de soirée, les bouteilles ont été retirées. Parallèlement aux actions des salariés, une procédure a été engagée sur le terrain judiciaire pour obtenir l'annulation de la décision de cessation d'activité, au motif qu'elle aurait été prise avant même la consultation du CE. Premier acte mercredi prochain, avec le dépôt d'une requête devant le juge des référés de Reims.